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DES MOTS SANS RIMES NI RAISON.
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DES MOTS SANS RIMES NI RAISON.

VIP-Blog de maurina
nathalie.elkine@sfr.fr

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  • Créé le : 21/09/2011 19:05
    Modifié : 21/05/2013 11:34

    Fille (71 ans)
    Origine : FRANCE
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    PIGALLE OU JE SUIS NEE

    25/09/2011 12:56

    PIGALLE OU JE SUIS NEE


     

     

    C’est dans un Paris occupé, et pullulant de collaborateurs que j'ai ouvert les yeux, et que j’ai poussé mon premier cri.  Cela s’était déroulé au numéro cinquante-neuf de la rue Pigalle dans le décor pittoresque d'une chambre d'hôtel dont les volets fermés laissaient filtrer la lumière d'un jour d'octobre blafard. Il faut dire que l'époque se prêtait plus volontiers à la mort qu'à la vie, et plus particulièrement pour les porteurs de l'emblématique étoile jaune. Je n’avais pas encore atteint ma troisième année d’existence quand Paris fût libéré ! Ma mémoire encore en rodage remisa ce que j'avais vu et entendu durant cette période afin de laisser le champ libre à ce qui allait suivre. Pendant huit ans et demi, je découvrirais avec une joie grandissante ma famille, toutes ces personnes avec qui j’avais des liens privilégiés. Puis il y aurait une première rupture, qui me déstabiliserait, et une seconde qui sèmerait la pagaille dans ma vie pendant des années. Entre la rue, et la place Pigalle, j’étais aux anges, et j’eus le cœur brisé les rares fois que je dus en franchir les limites. Tout comme Joséphine Baker, moi aussi j’avais deux amours, ma famille, et mon quartier, en deux mots, mon royaume ! Que de belles histoires j’aurais à vous raconter sur la rue, et la place Pigalle, ces deux sœurs siamoises qui menaient une double vie entre le jour, et la nuit ! Quand une partie de la population se levait, l'autre se couchait. Vertueuses demoiselles en compagnie des premiers, elles les accompagnaient dans leurs activités diurnes, et se métamorphosait comme par magie la nuit venue pour les seconds. Les ailes du Moulin de la galette ainsi que celles du Moulin rouge étaient le symbole du divertissement, et de la joie de vivre ! C’était le temps de l’après-guerre, celui où l'on se réjouissait d'être vivant, d'avoir eu plus de chance que les autres même si l’on ne s’en tirait pas sans quelques blessures. Au Moulin rouge, on passait des danses populaires le jour au spectacle de cabaret la nuit. Le champagne coulait à flots, tandis que les danseuses de french cancan levaient allègrement la jambe devant leur public ravi.

     

    Le jet d'eau de la place Pigalle revendiquait son importance dans ce décor magique, et offrait aux badauds sa musique fluide, et cristalline. Georges Ulmer était à l'honneur dans son gazouillis, et le restera alors que le jet d'eau aura disparu emporté dans la tourmente du temps ! Ce faisant, on a volé son âme et comme si cela ne suffisait pas on l’a aussi défiguré, et souillé par l’implantation d’infâme sex-shop ! On a tant, et si bien relooké ce quartier qu'aujourd’hui j’ai bien du mal à m’y retrouver ! Ma jeunesse s’en est allée laissant derrière elle la douceur d’une époque immémoriale. J’ai continué mon voyage existentiel tant bien que mal, souvent plus mal que bien d’ailleurs. Mon corps s’est déplacé en différents lieux, mais mon âme est restée liée à tout jamais dans cette enclave de ma naissance. Si j’avais ouvert les yeux ailleurs qu’à Pigalle, j’aurais sans aucun doute de bons, et mauvais souvenirs à me remémorer. Mais ils n’auraient pas eu la même portée que ceux qui me relient à ce quartier atypique de la capitale. Le temps passe, la mémoire demeure plus ou moins nette, plus ou moins fidèle, et il revient à chacun de se retrouver dans ses dédales. Chaque automne, je refais intérieurement le chemin à l’envers, ce sacrosaint pèlerinage de mes presque dix premières années d'existence. Je mets mes pas de vieille dame dans ceux de la petite fille que j'étais, et je retrouve instantanément ma rue Pigalle d'antan ! C'est tout un univers atemporel qui se déroule devant mes yeux. Le retour à la terre sacré de mes plus belles années d'existence ou personne ne parlait de lutte des classes. Riches, et pauvres se côtoyaient, se saluaient, et prenaient le temps de se connaitre. Ils discutaient de mille petites choses anodines qui permettait à tout à chacun de se sentir vivant ! Tout ce qui avait pignon sur rue avait sa clientèle selon qu’il faisait jour ou nuit. Les premiers bénéficiaient de la clarté du soleil, et les autres de celle des becs de gaz. Mon univers allait de la place Blanche au square d'Anvers qui fait face au Sacré-Cœur. Pigalle fut mon bastion, et c'est en toute sécurité que j’y déambulais. D'abord cet immeuble dans lequel ma famille vécut durant une quinzaine d'années. Puis cette chambre d'hôtel qui surplombe le Caprice viennois, ce cabaret qui traverse le temps comme si celui-ci n’avait aucun impact sur lui. Puis, nous pouvons voir ad vitam aeternam, du sud au nord, l’église du Sacré-Cœur, et celle de la Trinité.

     

     Cela permet aux riverains d'aller indifféremment aux Vêpres à l’église de la Trinité, et faire leurs Pâques à celle du Sacré-Cœur sans qu’il y ait des querelles de clocher  ! J’ai chéri ce quartier comme on aime sa patrie, et j’aurai pu prendre les armes pour la protéger ou la défendre si besoin avait été. J’avais l’âme d’un poulbot, les manières d’un titi, et l’allure d’une petite fille sortie tout droit d'un conte de Grimm. Jamais je ne me suis sentie lésée par la vie malgré la misère financière dans laquelle j’ai évolué, j’ai eu tant de compensations en retour ! Des parents que j’adorais, une grande sœur intelligente, et pétillante d’esprit, et un petit frère plein de rires, et de joie de vivre. Durant un peu plus de neuf ans, j’ai fait corps avec ce quartier avec qui j’avais tant partagé toutes ces années. Mais il fallut que la curiosité de Pandora la pousse à ouvrir sa boite pour qu'aussitôt tous les maux de la terre s'éparpillent au vent mauvais de la vie. Et c'est ainsi qu’un jour d’avril mille neuf cent cinquante-deux, tout fut dit pour moi ! Mais ça, c'est une autre histoire !

     

    Pour mémoire : La rue Pigalle porta en mille sept cent soixante-douze le nom de rue Royale, et accueillit le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle qui y installa son atelier. Il fût considéré par ses contemporains comme un maitre, son œuvre étant à la charnière des courants baroques, et néoclassiques

     

     

     






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