Sempiternels voyageurs d'un monde sans cesse en mouvement, les émigrés ces gens venus d’ailleurs s’installent là où ils peuvent, là où l’on veut bien d’eux ! Chassés de chez eux par les guerres, et la misère, certains sont devenus apatrides, ils bravent tous les dangers, parfois la mort afin de pouvoir vivre ici où là. Leur vie est un long combat contre l’oubli de leurs origines à travers l’éducation. Leur seule crainte est qu’avec le temps ne s’éteigne l’histoire de ce qui est leur essence depuis des générations. Mais contre cela, ils sont démunis hormis l’espoir que si cela se produit, que ce soit le plus tard possible. Et nous, qui sommes-nous donc vraiment, nous les enfants d’immigrés nés sous des cieux étrangers à notre lignée, des citoyens à part entière ou bien des moitiés de ceci, et de cela ? Je revois les yeux de mes parents s’illuminer quand ils parlaient de leur pays bienaimé, de cette terre de laquelle chacun de nous puise son identité, et sa force spirituelle. Que sommes-nous donc devenus, nous les enfants d’immigrés éparpillés sur la planète comme des graines disséminées sous la force de vents mauvais. Des étrangers dépossédés de la sève originelle parlant la même langue, mais pas le même langage. Et nos enfants, ces descendants d’une lignée enracinée dans un ailleurs qu’ils ne connaitront jamais, arriveront-ils à se retrouver, à se situer ? Qui donc dans les générations suivantes saurait raconter, le soir à la veillée, les histoires joyeuses ou tristes d’un lignage venu d’ailleurs ? Je me pose la question parce qu’un jour, mon petit-fils d'origine paternelle malaisienne m’a dit :
"Je suis un enfant arc-en-ciel par toutes les cultures qui bouillonnent en moi, mais j’espère qu’un jour viendra, il me sera possible de savoir enfin qui je suis vraiment."
Le métissage est certes une source de richesse extraordinaire, mais être un peu de partout sans être réellement de quelque part n’est pas toujours facile à gérer.
J’ai passé une grande partie de ma vie à chercher à me situer, partagée entre mes lointaines racines, et celles dont j’avais hérité par la force des choses. Il m’aura fallu accomplir un long voyage à travers le temps pour finalement me reconnaître comme étant citoyenne d'un monde multiculturel, mais aussi uni culturel par ma nature humaine.
Chaque pays à son histoire. Mais que deviendrait-elle au fil du temps s’il n’y a plus personne avec qui la partager ?