La vie feu d’artifice inscrit en lettres multicolore nos deux noms dans le ciel, et nous ne faisons plus qu’un défiant impunément les lois de l’arithmétique. Transcendante euphorie nous conjuguons le verbe aimé au temps présent, laissant sommeiller le temps passé. Je lis dans l’iris noisette de son regard, la tristesse, et la douleur de la séparation qui nous broie l’âme, et pourtant il persistes dans l’idée de reprendre la route. Demain est trop proche mon amour, pourquoi ne pas le remettre à un autre jour, à un autre demain aussi loin que possible. Oh ! Temps suspend ton vol, fige le si tu le peux afin que nous puissions lui, et moi encore nous enivrer jusqu’aux petits matins. Laisse-nous encore le temps de ne faire qu'un lors de nos promenades traversées de Paris, de nos pauses sous le pont Mirabeau. S’il te plaît, ne le laisse pas s’éloigner de moi, ne me laisse pas m’étioler sans lui. Mes prières se perdent dans l’espace-temps qui n’a pas le temps d’exausser les suppliques des amants. Il poursuit sa route sans se retourner, et moi je reste sans voix, et le cœur brisé sur un quai de métro. Alors, je me dis que demain je t’aimerais un peu plus fort qu’aujourd’hui, que je t’aimerais un peu, beaucoup, à la folie, passionnément. Notre amour est pareil au roseau qui ploie sous la bourrasque, mais qui jamais ne rompt, et s’étire à l’infini parce qu’il est de toutes éternités. Je sais déjà que ma vie sans toi sera désespérante, mais qu’elle se déroulera éclairée par la lumière que tu as diffusée en moi. Je me laisserais guider par elle tel un navire perdu dans l’obscurité océane de la séparation. Je rêve tout éveillée de tes bras qui m’enlacent, de l’odeur de ta peau qui se confond avec la mienne, et qui me parle de toi, qui te raconte. Alors, la tête levée vers le ciel je crie ton nom, je le chante comme une comptine qui jamais ne s’arrête. Tu es toujours mon présent malgré ces quarante-neuf ans de silence parce qu’un amour comme le nôtre ne saurait s’éteindre. Il m’arrive parfois de me demander sur quel continent l’oiseau migrateur que tu es a fait escale, à moins que l’âge venu, le goût de l’aventure n'aient quelque peu érodé tes ailes.
Mes jours, et mes nuits sont faits de toi, rien de ce que je fais n’est fait sans toi, ma transcendance, mon suprême, et immortel amour. Je suis suspendue entre deux notes d’une symphonie inachevée qui se languissent de toi, Smaïl, mon tant aimé.